Depuis trois ans, je réalise des « safaris » dans un pays méditerranéen tout proche, l’Albanie : au bout de mon objectif, une faune riche et variée de peluches et de jouets. Gardiens des treilles, vigies des terrasses ou fantômes des chantiers, toutes ces créatures sont en position pour combattre le mauvais œil au côté des plus traditionnelles gousses d’ail et cornes de bélier. Neufs, pimpants, délavés ou méconnaissables, ils surgissent suspendus à un balcon, accrochés à un mur ou au bord d’un toit, au moment le plus inattendu.
Ces « éloigne-malheurs » pourraient paraître dérisoires mais dans ce pays si longtemps isolé du reste du monde, assiégé par un ennemi invisible, la présence, même symbolique, de protecteurs, exprime un profond besoin de sécurité. Ils sont des imaginaires de fantaisie dans un pays privé de croyances, autoritairement, pendant des décennies, et les repères d’une population désormais ouverte aux autres.
J’accompagne ces clichés de textes qui leur inventent une histoire sous une forme anthropomorphique librement assumée.
En tant qu’espèces exceptionnelles, de toutes les formes et de toutes les couleurs, animaux inconnus ou « toons » célèbres, les Gris-Gris d’Albanie ne sont pas peu fiers d’être accueillis au Muséum de Toulouse et invitent petits et grands à venir les rencontrer pour fêter la rentrée en septembre.